Le XVIème....
Elle est rousse, porte une soierie noire à soutaches blanches, ce qui lui donne un air sérieux, trop sérieux. Ils sont voisins et se rencontrent sous le rouvre du marché où ils sont venus, lui pour aller à sa beuverie quotidienne, elle pour aller à la laverie.
- Oh ! bonjour ma petit poule rousse ! Comment ça va ? Hé bé, il y a coucaren sur la place aujourd’hui ! Mais dis donc, tu es belle comme tout. On croirait voir Néfertiti. Et tu vas où comme ça ?
- - Bonjour Monsieur. Je vais à la laverie, mais j’en profiterai pour acheter des huitres, nous sommes en septembre, c’est un bon mois pour les consommer.
- Mais tu sauras les ouvrir ma poulette ? Si tu veux, je te passerai une cisaille à couper le zinc.
- Je vous remercie, j’ai ce qu’il faut à la maison, et je confierai cette tâche à mon fils qui a laissé son hobby-cut pour venir me voir.
- Ah bon ! Il est là le petitoun ? Je le croyais à Détroit. Je me souviens, quand il était jeune, sa devise était : « Préfère l’impur » C’était un coquin ! Mais il fait un peu frisquet ce matin. Té venez près du brasero, là, pour me donner de ses nouvelles.
- Oh, il s’est rangé, vous savez. Certes il a eu une période turbulente, il a beaucoup voyagé…
- En rêve surtout, non ? Il se shootait pas un peu ?
- Tout ceci est du passé, monsieur, dit la Rousse dans un soupir. Il est revenu, plein d’usage et de raison, vivre… etc… Vous connaissez la suite..
- Qué suite ?
- Celle de Du Bellay bien sûr
- Quesaco, celui-là. Je le connais lui ?
- Mais voyons, c’est un grand poète du XVIème
- Oh, vous savez, moi le XVIème, c’est pas mon quartier…
- Mais non voyons, le XVIème siècle
- Ah ! le XVIème siècle. Oh pour moi c’est que je ne connais personne ni dans l’un, ni dans l’autre……