Abécédaire de Paul
L’ABECEDAIRE DE PAUL
A l’arrimage, sur les berges fleuries, Paul s’énerva.
Bateau trop profond, pensa t’il, ou navire trop rapide ?
Caréner dans ces conditions, quel malaise !
Démangeaison, maladie redoutée, fut son long calvaire,
Et pourtant il devait faire son travail :
Franchir le gué malgré le débit du fleuve vaseux,
Garantir la qualité de la navigation, était son ambition !
Haute ambition …
Il pensa à ses enfants dont il avait une ribambelle.
Jouer avec eux dans la rivière l’avait, en son temps, comblé.
Kyrielle d’enfants certes, mais les vacances n’étaient jamais lugubres.
La limitation des règles du jeu intervenait s’il y avait danger d’éboulis.
Mais il « revint sur terre » et reprit sa vidange.
Navire, mon beau navire, je sais que la vie n’est pas un long fleuve tranquille,
Oublions donc le passé et revenons à la source…
Par sa rapidité d’exécution, Paul vida des wagons de cailloux
Qu’il imputa à un urbanisme sauvage.
Réduire la pollution sera son prochain fleuron !
Seul ou avec ses amis maçons qui étaient soit énarques soit ripoux,
Tranquillement, il rendrait le fleuve plus navigable
Uniquement en assainissant, en plantant, en fleurissant.
Vivre mieux en comptant fleurette sous les marronniers, éliminer l’opacité des relations,
Wagon après wagon, il réaliserait son rêve et émergerait enfin.
Xénophobie effacée, calme des rizières retrouvé, adieu son malaise.
Youyous de joie devant la profusion des énormes saumons remontant le fleuve,
Zénith de sa vie…
JD