Pastiche de Stendhal « Le Rouge et le Noir » - A partir et à la manière de « Chapitre 6, L’ennui » Séance « Le Curcuma »
Hier, avec la vivacité d’un crabe
et sa démarche spécifique qui lui était naturelle, même quand elle était près
des hommes, Madame de Rénal, (« l’épice rouge ») sortait par la
porte-fenêtre du salon qui donnait sur le jardin, quand elle aperçut près de la
porte d’entrée, le teint bronzé de ce malabar
de paysan ; son regard si perçant était si soutenu qu’elle eut crainte,
forcément, qu’il lui parle en arabe,
puisque sa race lui apparaissait évidente.
Elle se redressa du mieux qu’elle put et s’immobilisa telle un cerbère qu’elle serait, envers et contre tout. Sa voix se voila
sous son voile de mantille ibère lorsque le barbare
supposé lui signifia réellement cucu,
qu’il venait de la part de sa nièce.
Elle prit peur…. Il y avait eu de la zizanie dans la famille, à propos d’une usine familiale qui
stockait de la benzine. Elle avait
failli devenir zinzin, utiliser sa carabine, tout lui revenait de cette
tragique pièce de théâtre. Madame de
Rénal restait figée. Ils étaient à présent fort près l’un de l’autre. C’est
alors qu’il osa lui dire simplement : « Vous êtes, et moi aussi,
remplie d’amour depuis toujours. Pour qui, pour quoi ? »
Madame de Rénal osa dire tout
à coup à son tour : « Mais est-ce bien sérieux ou deviens-je dingue ? »
Puis, comme nageant d’une brasse
effrénée pour s’éloigner, elle le convia au
zinc du café voisin pour boire une bière
qui l’étourdirait sans doute plus vite qu’un jus de raisin.
S’entendre appeler de nouveau « Monsieur » il démunit
à nouveau le jardin de Madame de Rénal pour couvrir son cou (un peu mou) de zinnias et de dahlias. Et il osa ajouter : « Depuis des années, je me
sens au pied du mur pour vous faire
la cour et me voici dans ce jardin
merveilleux rempli d’arômes. Le temps
n’est plus à perdre, entrons, Madame, osa-t-il ajouter d’un air qui ne lui
était plus embarrassé ».
Plus de déni, plus de questions, ils étaient dans la cabine à outils du jardinier. L’homme se
dévoila, elle aussi sans remous… Il
parait qu’ils sont accros !
Chut, vous n’en saurez pas plus. Point barre après ce zanzibar.
Françoise Callet
Les mots en italique sont ceux qui proviennent du réservoir de mots à utiliser