Yéti Zèbre à la conquête de Cynara
Cynara avait beaucoup d’appétit.
Elle était d’une beauté qui attirait tous les jolis cœurs.
Elle avait la digestion difficile, un obstacle, un inconvénient qui lui
interdisait leur approche et un essaimage quasi-certain.
Jolie comme une fleur, jolie comme un cœur, sa digestion
difficile était due à une hépatite contractée pendant l’enfance.
Aucune impudeur, aucune fausse pudeur chez Cynara dont la
joie embellissait le regard malgré les kilos qui s’accumulaient.
La lumière lui conférait encore plus de majesté.
Un jour, un galant friand de nouveautés admirant l’ovale de
son visage décida de l’avoir toute à lui.
Il s’arma d’une épée à la pointe magique ornée de queues de rats en rut.
Yeti Zèbre, c’était son nom, traça sur le sol une rosace
avec soin et la badigeonna d’une teinture d’artichaut. Pour la conquérir, il
fallait d’abord la guérir de son hépatite qui donnait un air d’usure à sa peau
qui ressemblait presque à du cuir.
Yeti Zèbre eut de la veine ! Il aperçut un chat perché sur un wagon qui
transportait du Xeres et du cari.
Alors, il imagina de chanter une aria qui redonnerait à sa
chair sa volupté d’antan et qui en même temps la guérirait de sa maladie.
De la pointe de son épée, Yeti Zèbre intima au chat l’ordre
de se placer au centre de la rosace, et, tout à trac, traça avec art un trait
en récitant la formule magique :
« Cuir
cru, chic, croit en chair chaleureuse
Cynara, mon cœur, cueille ma chair
Calédion, calisson de mon cœur,
Cueille mon camélia,
Capte mon cœur carambole !
Et Cynara guérit,
se transforma en princesse sur un char
scintillant de lumière
sur lequel ils partirent ensemble.