La récolte d'ananas
La
mémoire est une faculté magique. Même si l’oubli nous mine parfois, même si nos étourderies nous jouent des tours, nous chérissons nos souvenirs d’enfance.
Nous
avons un cerveau qui emmagasine tout ce que les yeux voient.
Nous avons une tête
qui pense et transforme ce que
les yeux voient. Certains événements ont parfois un impact particulier. Nous pouvons supporter les coups du sort en pensant aux événements qui nous
ont procuré joies et plaisirs.
Ainsi
les récitations apprises à l’école nous reviennent souvent à l’esprit même si
parfois un trou de mémoire nous fait tomber dans un puits de désespoir. Nous
nous souvenons d’avoir appris à faire de la dentelle et des habits du dimanche
que nous portions. Parmi les souvenirs les plus agréables, la plage et son sable couleur or,
le farniente allongé dans un transat ou un matelas, à l’ombre d’un parasol.
Pendant
les vacances nous avions de multiples activités : jeux de ballon sous un soleil resplendissant jusque tard dans la nuit.
Nous cessions nos jeux et admirions le reflet de la lune sur une mer aux vagues bordées d’écume. Nous ramassions sur la
plage les étoiles
de mer et nous rejetions à la mer
les poissons
que nous avions pêchés.
Parmi mes souvenirs les plus vivaces, la récolte d’ananas à laquelle on nous avait permis de participer. Les champs d’ananas étaient jaunes d’or. La récolte avait lieu dès que les ananas étaient arrivés à maturité. Avec les paysans, nous allions dans la campagne avec des paniers d’osier. Les femmes les portaient en équilibre sur la tête. Auparavant, chaque panier était posé sur une balance pour en estimer le poids. Hommes et femmes aux costumes colorés se détachaient sur le vert et jaune des montagnes et collines environnantes. Ils passaient devant les palmiers chargés de noix de coco sous un ciel sans nuages et les oiseaux en vol semblaient leur montrer le chemin et leur destination finale, l’usine où les ananas seraient mis en conserve.