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Atelier d'Ecriture "PLUMALIRE" à Nice, Alpes Maritimes
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  • Faire pétiller ses idées. Ecrire en s'amusant avec des jeux-consignes. Stimuler sa spontanéité, son imaginaire. Ecrire en riant récits, contes, haïkus, etc... dans une atmosphère conviviale. Lire autrement.
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10 août 2016

Petrus

« PETRUS »

Pétrus, c’était le nom de ce vieux chêne qui en avait vu des histoires.

La plus mystérieuse relevait du fantastique, que dis-je du fantasmagorique. L’action se passait il y a environ 550 ans. A l’époque les gueux se réunissaient discrètement sous la frondaison déjà séculaire de Pétrus. Moult druides y tenaient des conférences, mais parfois fusaient des calembredaines. Plusieurs nanas étaient également de la partie. Diane la plus belle de ces demoiselles avait le cœur cousu. La pauvre ne s’était pas remise de sa séparation avec un demi-dieu. Avec lui, la vie des elfes, ne lui était plus inconnue. Durant de nombreuses heures, les druides égrainaient des paroles sacrées. Mais celle qui retenait mon attention fut un conte mystérieux.

Le druide racontait à ses ouailles, dodelinant de la tête, les aventures du chevalier Guinard de Burgonde. Ce fameux Guinard de Burgonde était connu pour ses conquêtes hors de son territoire. Sans cesse il allait plus loin. Déjouant tous les pièges des forêts reliques, il s’aventura un jour dans une parcelle contenant un marécage peuplé d’anableps. Il décida d’aller au-delà de sa peur. Aves ses fidèles guerriers, il débuta la traversée du marais. Désormais, il ne pouvait plus faire marche arrière. Des volutes subtiles et des émanations morbides s’échappaient de ce marécage.

Peu importe, la nature des choses dans les bois éternels était bien faite. En effet, il trouva appui sur des touffes d’oyats et parvint à franchir ce qui semblait impossible. En même temps, toute la terre, tout le ciel décidèrent de s’unir contre eux. La terre fut prise de tremblements irrationnels et les cieux se chargèrent de nuages d’une noirceur sans nom. Durant ce déluge qui leur parut interminable, ils restèrent sur leurs chevaux, bien à l’abri, sous leurs capes huilées. Quand l’orage fut dissipé, ils n’en crurent pas leurs yeux.

Des korrigans et des farfadets semblaient voler autour d’eux dans un silence étrange. Cette atmosphère était aussi mystérieuse que pesante. Subtilement, mais de façon irrémédiable, ces petits êtres mystérieux, les obligeaient à suivre un chemin connu d’eux seuls. Au bout de 4H00 d’une marche à cheval hésitante, ils tombèrent devant un spectacle inouï. La grive musicienne qui les avait accompagné jusque là, arrêta net son chant mélodieux.

Un mastaba d’une taille monumentale, totalement hors d’échelle avec le site, s’incrustait entre deux pans de montagne, d’une hauteur inconnue du preux chevalier. Décontenancés par une telle découverte, ils ne remarquèrent pas la source phosphorescente, qui pourtant passait à quelques mètres des pieds de leurs chevaux. Les korrigans et farfadets continuaient délicatement de les guider vers la porte monumentale, creusée à même la roche. Ils étaient bien obligés de les suivre et de s’engouffrer dans ce monde totalement inconnu.

Le tonnerre de Dieu s’abattit sur eux une nouvelle fois et ils durent se rendre à l’évidence. Ils n’avaient d’autre choix que de rentrer dans cette construction géante impressionnante. Déstabilisés par cet art architectural méconnu, ils avançaient, toujours comme guidés par un fil rouge magique, mais invisible. Ils étaient persuadés que leur fin était proche, malgré leur cote de maille et leur heaume. Difficile confrontation qui s’annonçait à l’horizon. En effet, une autre salle se dessinait progressivement, dans cette obscurité peu rassurante. Au fur et à mesure qu’ils progressaient avec précaution dans ce dédale labyrinthique, de tendres plaintes d’enfants parvenaient à leurs oreilles. Des Songes et complaintes lugubres remontaient des entrailles de la terre. Ils parvinrent enfin à cette roche percée.

Durant un instant, ils n’en crurent pas leurs yeux. Des enfants déguenillés frappaient la roche pour en extraire une matière luminescente. L’âme du monde semblait s’être abattue avec violence sur ce petit peuple. Déroutés par une telle découverte, ils observaient le va et vient permanent de cette petite armée qui accumulait cette roche mystérieuse phosphorescente. Le gabbro, cette roche, ici aux propriétés étonnantes, était déclinée dans une forme trapézoïdale. Les roches extraites s’entassaient dans un coin de cette grotte immense. Soudain, des bruits sourds et indistincts remontaient des profondeurs de la terre, annonçant la chute des géants.

Des femmes apparurent d’une salle adjacente. Elles étaient vêtues d’étoffes ourlées de fil d’or et de soie précieuse. Elles tenaient dans leur main, des armes qui annonçaient la fin proche des preux chevaliers. Ils furent obligés de descendre de leur monture. Guinard de Burgonde ne prononça mot. Il suivit la femme aux cheveux blonds, sans discuter, sans rien décider, lui qui était pourtant un chevalier sans peur. Il entra dans une petite salle obscure et fut obligé de s’agenouiller. La femme qui tenait dans sa main gauche un rameau de ce fameux chêne Pétrus, le posa délicatement sur son épaule et prononça une phrase dans une langue connue d’elle seule…

Le chevalier fut instantanément transformé en poussière d’étoile dorée…...

Devant un tel discours du druide sacré, l’assemblée était médusée, comme paralysée par tant de magie.

Désormais, depuis des siècles, la légende raconte que toute femme qui pose un rameau de Pétrus sur l’épaule d’un homme, le transforme en fidèle chevalier revêtu d’une tunique cousue de fil d’or et de soies précieuses, lui conférant des pouvoirs magiques.

Etienne KOCH

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