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Atelier d'Ecriture "PLUMALIRE" à Nice, Alpes Maritimes
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  • Faire pétiller ses idées. Ecrire en s'amusant avec des jeux-consignes. Stimuler sa spontanéité, son imaginaire. Ecrire en riant récits, contes, haïkus, etc... dans une atmosphère conviviale. Lire autrement.
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13 novembre 2022

"Alors, ose"

8/11/2022

 

Le début de l'écriture, rien dans le cerveau.

 

Pas envie. Je regarde par la fenêtre. Un papillon épris de liberté. Je le regarde avec envie. Bientôt les grandes vacances, la liberté, des jeux avec les copains au bord de l'étang, sur les sentiers. Aïe, un coup de règle sur ma main. Le maître ne plaisante pas avec la discipline. Comme monsieur mon Père…

 "Tu vas écrire, oui ou non?!". Monsieur Olivier fronce ses gros sourcils, titille sa moustache, se gratte le crâne qu'il a fort dégarni ! J'obéis. Tant bien que mal, j'arrive à produire un texte. Bon, mauvais je m'en moque. Je déteste écrire, on ne peut même pas tricher. Sonnerie, délivrance, liberté.

 Dehors, des gamins se bousculent en riant. Comme d'habitude, je suis seule. Pierrot se rapproche à grand pas, il me propose de lire avec lui un livre d'Alexandre Dumas. "Tu connais?"  "Non, j'aime pas lire, je déteste écrire!"  "C'est une blague? Bon, demain je t'attendrai dans ma cabane je m'appelle Crusoé ,Robinson Crusoé. Apporte un cahier, nous écrirons à quatre mains. Vive l'aventure!"

Il n'est même pas drôle.

 A la maison, Père me demande de lui montrer ce que j'ai écrit. Sérieux après la lecture, un autre coup de règle. Il me tire les cheveux. "Bourré de fautes d'orthographe, dans ta chambre écris deux pages et sans musique, je déteste ce Rossini! Ha, tu n'es pas Baudelaire, ça se saurait." Troublée, je me demande qui est Baudelaire. Je vois ma mère au jardin près de la glycine. Elle écrit, si elle pouvait m'aider... Père s'est enfermé dans son bureau pour voir a la télé Isabelle Adjani, belle, sensuelle, l'amante de ses rêves ?

 Seule dans ma chambre, je pense, faut-il savoir écrire pour exister ? Il n'y a que ça qui compte à leurs yeux ? Obéir, produire... Je n'écrirai rien. Même pas sur ce joli parchemin que mon frère a ramené de voyage. Lui, il écrit bien, très bien. Il écrit dans les Nouvelles Littéraires. Quelle plume! Mon père l'aime beaucoup. "Il a réussi, lui, pas comme toi, ignorante!"

 Mon Père est un tyran, un pervers. Je n'ai pas le droit de le tuer, mais j'ai écrit son nom sur une belle feuille blanche. J'ai déchiré la feuille, j'ai mâché les petits bouts de papier et je les ai crachés. Je trouvais cette action si excitante.

 Souvenirs, souvenirs. J'arrête de penser à cet homme si sévère et je reviens à mon manuscrit.

 Grâce à Pierrot, à cette amitié si précieuse, j'ai découvert le plaisir d'écrire. Et, depuis au lieu de bafouiller j'aligne des lignes et des lignes. Ma première nouvelle 'Elsa Kaléidoscope' a eu un franc succès, étonnant non ?

Entourée de livres que je caresse avec volupté, je me donne à l'écriture comme une amante qui n'a pas peur de tomber.

 Mon frère m'a ouvert les portes secrètes de son journal. Il m'a dit "il te faut un pseudo, "Raspoutine" ". Je n'ai pas encore compris pourquoi, mais c'est avec délices que j'ouvre le journal et que je vois l'un ou l'autre de mes poèmes.

 Mon père serait-il fier de moi ? Mais il n'a pas attendu, il n'a pas eu la patience. Il voyage de par le monde, ne donne pas de ses nouvelles. Ma mère ne se préoccupe pas de mon succès. Elle a le cerveau un peu fêlé, je ne vais pas beaucoup la voir. Je ne la reconnais plus.

 Allez, j'y retourne. Où ? Dans mon livre, mon écriture, mon intimité dévoilée. A présent, j'écris des contes pour enfants. Je les préfère aux adultes, les enfants. Ils ne sont pas encore pourris par cette société décadente et glauque.

 Si on m'autorise, j'irai faire la lecture à l'école primaire de mon quartier.

Et si je vois une fillette rêver en mâchouillant son crayon de papier, je lui dirai "Écris tout ce que tu penses, ce que tu ressens. Même si tu penses que ce n'est pas joli, ce sera beau puisque c'est toi, ton véritable toi, joyau de la nature".

Lorsque je me suis mise à écrire je suis enfin devenue "grande", enfin libérée de ce Père puissant et dévastateur, de cette Mère si douce mais si lointaine.

Alors, ose. 

 

 

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