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Atelier d'Ecriture "PLUMALIRE" à Nice, Alpes Maritimes
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  • Faire pétiller ses idées. Ecrire en s'amusant avec des jeux-consignes. Stimuler sa spontanéité, son imaginaire. Ecrire en riant récits, contes, haïkus, etc... dans une atmosphère conviviale. Lire autrement.
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26 février 2023

Un moment de découverte. 17/01/2023

Un moment de découverte.
L’horizon se colorait déjà du feu du soleil couchant. Le soir descendait doucement sur ce paysage paisible. Dans le lointain un clocher sonnait l’angélus et peu à peu les lumières s’allumaient dans la ville blottie dans la vallée. Quelques bruits montaient dans le silence : pétarade continue d’une moto, mère appelant ses enfants, pleurs d’un bébé, musique d’une radio solitaire.
Assis contre un beau pin-parasol, je détendais mon corps fatigué de ces kilomètres parcourus. « Quel imbécile ! j’étais tellement fasciné par la découverte de cette civilisation maya que, perdu dans l’observation des sculptures et des haut-reliefs, je n’avais pas vu que le car qui m’avait amené sur le site était déjà reparti. Ce n’est qu’après avoir descendu avec précaution les marches étroites du temple du soleil, escalier en à-pic vertigineux, et m’être rendu au lieu de départ du car que je constatais que j’étais seul.
Je ne pouvais rien faire d’autre que partir sur la route déserte qui déroulait son tapis poussiéreux dans le silence d’une région inhabitée. Je marchais passant devant les champs d’agaves qui se déployaient à l’infini. Des eucalyptus bruissaient dans le vent du soir qui accompagne toujours le coucher du soleil. Et bientôt le bleu Nuit envahit le ciel dans le scintillement des étoiles sorties de l’emprisonnement du jour. Cette situation me poussa vers l’interrogation du passage du temps. Combien de civilisations passées avaient vécu sous ce ciel empli d’énigmes dans la fuite éternelle du temps. Ne sachant plus que faire et où aller je vis un passage dans un champ de maïs dont les épis comme des lances dorées sortaient de leur écrin de feuilles jaunissantes. Je m’assis, arrangeant quelques hampes et feuilles desséchées. Heureusement j’avais gardé une collation pour le midi et mangeait avec bon appétit cet en-cas et m’apprêtais à dormir sous la voûte étoilée, approfondissant ma rêverie stimulée par ce que j’avais vu lors de ma visite de ce lieu sacré. Le sommeil ne tarda pas à me gagner, bercé par le crissement des grillons dont je pus constater la grosseur. Ce fut une nuit reposante. Quand j’ouvris les yeux, l’aube naissait apportant une fraîcheur relative qui disparaîtrait dès que le soleil se lèverait à nouveau dans le ciel pur de tout nuage. Un croissant de lune accompagné de sa fidèle étoile perdait de sa lumière au fur et à mesure que la force du soleil grandissait.
Je me réveillai en espérant trouver un puits ou un point d’eau pour faire un brin de toilette. Je repris la route les muscles un peu raidis de la marche d’hier. Cette route était toujours aussi désertique et je me demandais si j’avais bien pris le bon chemin. Aucune maison, aucun village, aucune voiture. Bientôt j’arrivai à un croisement mais sans pouvoir me décider sur la La route à suivre, car les noms indiqués ne me renseignaient pas, car inconnus.
Finalement j’aperçus un homme arriver sur un âne, classique image des habitants de ce pays : grand chapeau rond, chemise ample et pantalon blanc défraîchis. Je lui fis signe et avec mon espagnol européen je lui demandai le chemin pour la ville où je désirais me rendre. Avec un grand sourire montrant une dentition bien abîmée il me fit des signes en parlant un idiome que je ne compris guère. Je restai étonné de cette incompréhension. Il partit. Me fiant sur la direction indiquée par son bras, je pris ce qui pouvait me permettre d’arriver à mon point de départ. Je me disais qu’il fallait bien que ce soit le bon chemin car je n’avais plus grand-chose à manger et je m’imaginais le tableau si je n’arrivais pas à trouver une cantina ou une épicerie de secours.
Je marchais sous le soleil qui prenait de la force, sentant déjà une fatigue amplifiée par cette incertitude de me retrouver sur le bon chemin.
Je vis de loin le clocher d’une église, ce qui me rassura espérant trouver une solution à cette errance en terre inconnue. M’approchant de ce clocher je m’aperçus bien vite que le village qui entourait cette église était désert. Une ville fantôme. Ce constat me démoralisa. J’errais quelques instants dans ces rues désertes dont les maisons avaient les ouvertures obstruées par des planches. Je vis  une porte cassée béant sur le noir de l’intérieur. J’hésitais et y entrais avec précaution. Dans la semi obscurité je vis des débris d’objets, un lit en fer avec un matelas tout mité. Poussière et toiles d’araignées en faisaient la touche finale de décoration. Je ressortis et vis un puits près de l’église. Je m’en approchais et me penchant ne vit aucun reflet du ciel. Le puits était à sec. Je faillis m’asseoir et pleurer, mais en entendant un bruit de moteur je me précipitai vers la route. Lorsque j’y arrivai je vis l’arrière d’un car s’éloigner suivi d’un nuage de poussière. Je criai « non ! Non ! Ce n’est pas possible ! » Et cette fois je m’assis essayant de calmer les spasmes d’angoisse qui m’assaillaient. Je restai assis assez longtemps et le calme étant revenu, je pris la décision de reprendre la route et me lançai en provocation : ´
‘ Et bien si tous les chemins mènent à Rome, peut-être qu’ici tous les chemins mènent à Taxco ! ». Stimulé par cette humour noir, je repris la route qui maintenant montait. Elle était bordée de fleurs, les terrains n’étant plus cultivés. Je reconnus les œillets d’Inde et les gerberas sauvages. Cette découverte me donna du baume au cœur. Je fus convaincu que j’avais pris la bonne décision en choisissant cette route. Je marchais longtemps et péniblement. La journée etait maintenant bien avancée et je décidai de me reposer en ce lieu intime bien qu’ouvert sur un vaste paysage dont le grandiose se révélait avec la fin du jour et l’arrivée de la nuit. Je réfléchissais à cette aventure sereinement car j’étais sûr que la ville que que je voyais à mes pieds était cette ville où j’avais réservé une chambre. Je souriais à ces dernières heures qui avaient frisé la tragi-comédie et même me félicitais de n’avoir pas perdu la boussole en me trouvant si loin de tout repère.
Le lendemain matin je me hâtai de descendre vers la ville qui s’éveillait et où je pourrais retrouver quelques confort. Passant devant une belle église baroque, j’entendis monter les chants d’une prière du matin. Les portes de l’église étaient grandes ouvertes et je vis toutes ces femmes habillées de costumes modernes mais conservant comme parure ces magnifiques huipils haut en couleurs vives et portant ce chapeau d’homme sur la tête. L’animation était déjà assez intense. D’un marché sur la place résonnaient des murmures des vendeuses et clients. Une musique de mariachis sortait d’un café déjà rempli d’hommes. Un chien trainait au milieu de cette foule semblant chercher sa pitance pour satisfaire sa faim.
Je vis bientôt la maison où je résidais et c’est tout heureux que j’entrais. Les hôtes ne furent pas plus surpris par mon absence que par mon arrivée. Je leur expliquais ce qui s’était passé et ils me dirent sans surprise : « mais oui, c’est toujours comme ça. Le car part dès qu’il est plein même si ce n’est pas l’horaire ».

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