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Atelier d'Ecriture "PLUMALIRE" à Nice, Alpes Maritimes
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  • Faire pétiller ses idées. Ecrire en s'amusant avec des jeux-consignes. Stimuler sa spontanéité, son imaginaire. Ecrire en riant récits, contes, haïkus, etc... dans une atmosphère conviviale. Lire autrement.
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12 décembre 2023

Je ne suis pas très fan de la propagande communiste.

Dans mes envies de création je me heurtais à des personnalités bien plus autoritaires que moi. J'envoyais manuscrits et lettres de remerciements dans l'attente d'un accueil ébloui. Mais en haut lieu, des célébrités disaient ouvertement : "Je ne veux même plus toucher à ses livres". Ces propos qui m'étaient toujours répétés me faisaient une peine immense.
 Pour me convaincre de continuer à écrire, j'allais au restaurant où je me mettais à soliloquer avec la salière, le sucrier, le cendrier. Malheureusement je ne possédais pas un sou vaillant pour m'y rendre tous les jours. Résultat : j'avais faim.

Un jour, un ami qui me savait décontenancé vint vers moi et me dit que les membres de sa famille étaient fiers de moi et lisaient tous mes livres. J'accueillais cette heureuse information avec une feinte indifférence qui masquait mal une allégresse profonde. Je consignais dans un album dédié les quelques articles critiques évoquant mes œuvres. Je le montrais à cet ami qui épongea la sueur de son front avec un mouchoir plutôt sale. Je sentis qu'il n'était pas très à l'aise à l'idée de me donner son avis. Pourquoi faut-il que je barbe tout le monde avec mes textes ? Je renonçai à insister pour avoir un avis objectif et lui proposai de partir en balade.
Tout au long de cette promenade, je me retenais d'évoquer mes idées nouvelles pour écrire le manuscrit du siècle.
"Espèce de salaud !" s'écria un homme surgissant juste face à nous.
Il nous rejoint en gesticulant énormément. Nous étions perplexes face à cette irruption. Tout d'un coup l'individu s'arrêta à mon niveau pour m'insulter : " c'est bien vous le connard qui avez raconté ma vie dans l'un de vos torchons ?". J'étais surpris car j'étais certain de ne le connaître ni d'Eve ni d'Adam. 
Il répéta "Espèce de salaud ! Dire que tu te fais de l'argent en exploitant les malheurs d'autrui".
Je ne comprenais pas de quoi cet homme parlait. Je fis donc toutes les dénégations qui s'imposaient. Mais l'individu ne lâchait pas l'affaire : il m'envoya son poing dans le nez. Je me mis à saigner abondamment.
Pour une fois que mon travail faisait réagir quelqu'un, je n'avais pas de chance ! Nous décidâmes de nous enfuir loin de cet individu dangereux.
Mon ami me demandait " tu sais de quel livre il parle, au moins ?"
- pas du tout.
- en tout cas, c'est vraiment un de tes lecteurs, tu vois que tu es reconnu !
- ça me fait une belle jambe.
- Ce ne serait pas ton dernier texte érotique où les protagonistes étaient nus tout le long de la fiction ?"
Je ne voyais pas comment le cinglé pouvait s'identifier à un de mes textes. J'avais beau me creuser le crâne, je ne parvenais pas a  identifier les pages qui l'irritaient à ce point.
Cet épisode inattendu finit par nous faire rire. Mon ami fit une photo de mon pauvre nez sanguinolent.
- ton œuvre suscite de fortes émotions, n'est-ce pas ce que tu souhaitais en secret ?
- Epargne-moi ton ironie. J'espère ne jamais recroiser ce dingue..."
Mon ami me déposa chez moi. Il était temps que je me remette au travail. Je m'installais à mon bureau et me mis à parcourir toutes les lettres de refus que j'avais collectionnées. Dans ma tête se formait une sentence bizarre : "Et si un chasseur me prenait pour un gibier ?". En parallèle je lisais à voix haute la réponse d'un lecteur de Gallimard : "Cher monsieur, cessez de nous envoyer vos textes qui ne correspondent aucunement à notre ligne éditoriale. Et globalement cessez d'écrire, vous épargnerez la langue française. " Je me mis à rire nerveusement. Je rangeai la lettre assassine et m'emparai du courrier d'Albin-Michel : " nous avons bien reçu votre manuscrit et vous remercions d'avoir pensé à notre maison d'édition. Malheureusement nous ne pourrons pas donner suite à votre texte qui s'avère insuffisant pour nos lecteurs."
Je décidai d'interrompre cette lecture déprimante et me rendis dans la cuisine afin de me consoler de tous mes malheurs. J'ouvrais une bouteille de rouge et une boîte de foie gras. Je me regardais dans la glace et me dit à voix haute : "Il fuma sa pipe en silence". 
Et si je commençais un nouveau manuscrit dès ce soir ?J'allais plonger à nouveau dans les arcanes de la créativité, le seul lieu où je me sentais vraiment moi-même. Je renouais enfin avec un lyrisme intérieur qui animait les mouvements de ma plume et me conférait une quantité d'idées intéressantes. Le monde entier allait être bouleversé par cette nouvelle création. Et je m'assoupis sur mon pupitre.
Le lendemain, quelqu'un frappa violemment à la porte. Je descendis voir de qui il s'agissait.Quel ne fut pas mon étonnement de constater que sur mon paillasson se trouvait le fou de la veille armé d'une tronçonneuse. Je m'enfuis à l'étage tandis que le cinglé découpait en virtuose ma porte d'entrée dans un bruit de tonnerre. Je me cachai dans ma chambre en fermant la porte à double tour. J'entendais des craquements et des hurlements. " mon Dieu, qu'allais-je devenir ?".
Je saisis le téléphone et appelai les flics. Mon histoire ne leur parut pas très claire. "Monsieur, vous devriez écrire des fictions". " mais puisque je vous dis que je suis attaqué à la tronçonneuse ". L'homme était déjà sur le point d'entrer dans ma chambre. Je décidai d'escalader le toit après avoir convaincu les flics de se déplacer.
 J'entendais la radio qui pour une fois célébrait un de mes livres qui venait de recevoir un prix. Arrivé au faîte de la maison, j'entendis avec bonheur la police qui arrivait au moment où le fou tombait du toit.
J'allais avoir une belle histoire à raconter...
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