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Atelier d'Ecriture "PLUMALIRE" à Nice, Alpes Maritimes
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  • Faire pétiller ses idées. Ecrire en s'amusant avec des jeux-consignes. Stimuler sa spontanéité, son imaginaire. Ecrire en riant récits, contes, haïkus, etc... dans une atmosphère conviviale. Lire autrement.
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22 février 2024

La vie, l’amour, la mort.

Le secret du Châtaignier.
Un jour, Yves, fatigué du bruit du monde, de l’ardeur excessive et du rythme de vie dans lequel il ne trouvait plus son équilibre, décida de partir au fin fond du monde pour y trouver le calme et la satisfaction, qui, depuis longtemps l’avaient quitté. Pour lui, le bout du monde n’était pas un voyage dans une terre étrangère, certes dépaysante, mais très souvent meurtrie par cette folie de tout le monde de bouger pour penser vivre des sensations différentes de leur quotidien.
Non, il décida de partir en Ardèche. Il espérait goûter la rudesse de paysages et une vie encore proche de traditions simples. Il pensait qu’il n’était pas nécessaire d’aborder une île, pour se sentir hors d’un mode de vie artificiel. Il arriva dans le village d’A. qui sommeillait encore d’un rude hiver sur sa fin et loua une chambre chez l’habitant qui un peu surpris de voir cet homme débarquer ici l’accueillit quand même sans curiosité.
La chambre qu’on lui attribua était au premier étage, en haut d’un escalier de pierres. Un lit d’une personne recouvert d’un gros édredon rouge faisait face a une table de toilette sur laquelle une cuvette et un pot à eau, en faïence blanche, une serviette suspendu sur le côté, faisait office de salle de bain.
Sur le mur des rayonnages où s’alignaient des livres à la couverture simple, étaient la seule décoration, à laquelle répondait des photos en noir et blanc d’une jeune fille au visage et au regard brillant. Sur le bord de la fenêtre, un jouet semblait attendre de prendre vie : petit cheval à roulettes, dont la peinture éraflée prouvait qu’il avait parcouru de nombreux kilomètres dans cette chambre au sol carrelée de tommettes. Yves ne put se retenir de regarder les livres et de les feuilleter. Il en ouvrit plusieurs rien que pour sentir l’odeur du temps passé. C’étaient les grands classiques : Dumas, Gautier, Troyat, …En ouvrant « la grive », un papier tomba. Il le ramassa, s’assît sur le lit et lut.
C’était une belle écriture, comme ces calligraphies d’autrefois, où les pleins et les déliés rythmaient avec équilibre et élégance le récit.
« La personne qui lira ce récit peut douter de sa vérité. Pourtant, ce qui suit, est ce que j’ai vécu, alors que j’étais une adolescente.
Les jours d’été, j’aimais courir la campagne, en quête souvent de fleurs, de fruits, ou pour lire au premier soleil, quand celui-ci n’avait pas encore l’ardeur des chauds après-midis. Quand fatiguée d’escalades à travers les pentes rocailleuses qui alternent le gris minéral des rochers avec le vert des herbes sauvages, souvent agressives de leurs épines, je m’asseyais à l’abri d’un de ses nombreux châtaigniers qui font la richesse de notre pays.
Bien assise, le plus souvent au bord d’une hauteur, la vision de la plaine qui reposait vers l’infini que l’œil n’atteignait pas, m’emplissait d’une ardeur mélancolique. Ardeur de vouloir embrasser tout ce monde qui s’offrait à moi et mélancolique car je sentais ma petitesse passagère dans ce monde qui pour moi était éternel.
Un jour que je m’assis à un autre endroit que je découvrais pour la première fois, je vis sous les feuilles et les bogues séchées au cours des années , une boîte que ma main mis à nu alors que je cherchais à rendre plus confortable mon assise. J’essayais d’ouvrir cette boîte mais la rouille en avait soudé les charnières. impatiente de curiosité, je sortis le canif que j’ai toujours avec moi et dans mon insatiable envie de découvrir ce que contenait la boîte, je réussis à faire craquer les méfaits du temps. Pour l’avoir secouée je savais qu’il y avait quelque chose à trouver.
Une fois la boîte ouverte, je vis un paquet serré avec une peau tannée. Je faisais craquer cette enveloppe et découvris des lettres. Je commençais à lire ce courrier, daté du début des années 1900. Mon cœur battait d’une douce violence, quand je compris l’intimité de cette correspondance, j’ai failli m’arrêter et aussitôt je pensais que si les circonstances m’avaient permis de trouver ce trésor, c’était seulement à moi de le faire renaître. Le dénominateur commun de ce courrier était la passion, une forte passion. Fascinée par ma lecture, je ressentis comme un dédoublement. J’imaginais cette jeune fille, moi, assise au pied du châtaignier dans le silence de la nature, dont seul, un chant d’oiseau donnait une pulsation à cette soif de lire. Raconter, ce qui était écrit n’est pas nécessaire. Il suffisait de comprendre que, dans l’éloge réciproque que chacun faisait à l’autre aimé, c’était la plus belle ellipse que l’on peut trouver pour dépasser le monde amoureux ou la chair de femme n’avait pas sa place.
Je m’imaginais la chorégraphie secrète et puissamment orchestrée qu’avait dû utiliser ces deux hommes pour fuir l’opprobre du monde fortement guidée par le curé attentif. Leur secret avait été gardé comme une plus puissante citadelle, secret fait de menus récits, jalousement adressés hors de tout regard. ».
Le récit s’arrêtait là, ponctué par une signature : Paloma.
Sûr que cette jeune fille dont Yves ne connaissait pas plus le destin avait dû  ressentir la plus grande violence à découvrir la pureté d’un tel amour.

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