Eze village
Perdu entre ciel et mer, le petit village d’Eze se dessine dans les premières lueurs de l’aube. Point de plaine à l’horizon mais un électrocardiogramme de roches, rempart naturel aux invasions passées.
En l’absence de tout bruit à cette heure matinale, mes sens sont en éveil. Un rapace plane dans l’espace et me montre telle l’étoile du berger, le sommet du village.
Le bourdon m’envahit devant l’immensité de la tâche et je traîne pour gravir sans écueil cette thébaïde qui s’offre à moi.
Une fois l’effort accompli, ma déraison cède la place à la perception. Sous mon œil ébahi, une étendue infinie s’enfuit à perte de vue. Un disque d’or éclaire le ciel d’azur.
Autour de moi, une multitude de hérissons verts parsemés ça et là de pointes de garance semblent figés pour l’éternité et m’incitent à me taire.
A l’opposé, en contrebas, c’est la tempête. Des fauves bleus et blancs se jettent gueule ouverte sur la plage, puis se retirent, repus de ce repas de fête.
L’agitation des vagues et l’immuabilité des cimes au diapason… Quelle étrange toile qui emplit mon cœur d’une profonde sérénité.
Christelle Saillour - Atelier 4