Une lecture inspirante.

Ami lecteurs qui ce livre, lisez, dépouillez-vous de toute passion; et le lisant, ne vous scandalisez : il ne contient mal ni affection. Voyant le deuil qui vous ruine et consomme mieux est de rire que de larmes écrire, pour ce que rire est le propre de l’homme.
François, lut plusieurs fois l’incipit de Rabelais. Diantre ! Dans quelle lecture je me suis fourré ! Je ferais mieux d’aller culbuter la trieuse de cartes de géographie. Avec elle au moins c’est gay de parcourir monts et vallées. La coquine est bien délurée et a le cul bien tourné. Bon, les écrivains savent toujours donner quelque morale. Mais ce n’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire des grimaces. Alors je continue ? Oui, je n’aime pas laisser en plan ce que j’ai commencé et l’artiste sculpteur mon voisin m’a dit grand bien de ce livre, car s’il sort de l’esprit d’un curé, ce n’est pas l’esprit d’un dévot qui l’habite, mais plutôt celui d’un jouisseur. Donc ce voisin sculpteur, qui ferait mieux de sculpter du beurre, ça ferait moins de bruit que ces coups acharnés dans la pierre la plus dure, m’a déjà lu certains passages qui m’ont un peu émoustillé.
Et puis juste après avoir cancané avec lui, j’ai croisé Louis le petit qui rentrait des prés avec ces vaches.
–Et Louis ? comment vas-tu mon sire ?
–Pardi, foutre bien. La génisse va se faire engrosser ce jour. Va y avoir fête à la maison.
– tu es un éleveur de bovins comblé.
–Ouais. Et ça fait rire notre voisin Jean qui m’dit toujours que c’est plus facile d’être éleveur de bovins, qu’être éleveur de beaux vins … Tu comprends ?
–Ah ! Oui ! T’es un drôle, toi.
-Allez ! J’va traire les mamelles, elles sont bien gonflées.
François continua son chemin et ne tarda pas à rencontrer Julien qu’on disait un peu niais.
–Bien l’bonjour, maître Julien.
-Bonjour François. Où cours-tu ainsi ?
–Je vais voir Archimède.
–Ah ! Le chirurgien des cœurs brisés !
–Oui.
–T’es en mal d’amour ?
–Pas vraiment, mais avec lui on ne s’ennuie pas. Il a toujours quelque chose à raconter. L’autre fois il m’a parlé de Tristan et Iseut . Un peu triste, mais il raconte bien. On verse une larme, après on boit quelques pintes et on finit par bien rigoler. C’est sa méthode à lui. Tout ceux qui viennent le voir, ils rentrent la larme à l’œil, et il ressortent rigolant comme des bossus. D’ailleurs, j’ai jamais compris pourquoi on dit ça.
T’as déjà vu des bossus rigoler, toi !
–Non.
–Moi non plus. Et qu’est-ce que tu deviens ?
–J’ai changé de métier. Je suis devenu montreur d’ours en peluche.
–Montreur d’ours en peluche ?
–Oui, c’est pratique. Tu n’as pas à les nourrir, ce n’est pas agressif, et tu peux même dormir avec eux.
–Et ça te rapporte ?
–Très bien. Tous les enfants veulent le voir et le toucher. Ça réjouit les parents, il te donne la pièce et tu n’es pas embêté par ceux qui ne veulent pas qu’on fasse travailler les animaux sauvages.
–bah c’est parfait, et comment tu l’as appelé ton ours ?
–Nicolas. Je vais en acheter un deuxième, que j’appellerai Pimprenelle.
–Allez. Bonne chance.
Un peu plus loin il croisa Mariette avec son bébé dans les bras.
– Bonjour Mariette. Comment vas-tu ?
–Bien, François. Merci et toi ?
–Ça va, ça va. Je tire ma flemme. Il est mignon ton petiot. Comment il s’appelle ?
–Damien
–Damien c’est pas courant ça mais c’est joli. Comment ça t’es venu ce prénom ?
–Eh bien avant d’accoucher, j’ai croisé une bohémienne qui, en plus d’être diseuse de bonne aventure, était questionneuse d’impossible.
–Ah ?
–Elle m’a dit que j’allais avoir un enfant qui serait très intelligent, et elle m’a posé des questions gênantes … comme de savoir qui était le père. Je lui ai dit que c’était embarrassant car ça m’était difficile de savoir quel était celui qui avait déposé la petite graine, vu que mon passage était bien fréquenté.
–Ça ne m’étonne pas, car tu as beaucoup d’avantages et tu les exposes bien.
–Merci.
–Et alors t’as vérifié si ton petit était Particulier ?
-Ben oui. Un soir, qu’un client italien me chevauchait avec force mots, Damien lui a dit dans sa langue de parler moins fort car il ne pouvait pas dormir.
–C’est comment que tu as su ce que Damien avait dit.
–Bah, parce que Federico me l’a dit en mauvais français, mais c’était clair.
–Ah !
–Et puis, il y a un anglais qui rentrait chez lui et en rentrant chez lui il est rentré chez moi. Et même scène. Au moment final, il a braillé, Damien lui a dit la même chose en anglais.
–Ah !
–Du coup, maintenant, je confie Damien à la voisine. Dora quand j’ai de la visite. Finalement, je ne le vois plus beaucoup, sauf quand je lui fait faire une promenade.
–Bon et bien à part l’honneur tes amants s’en tirent bien, car ils ressortent vivants. Tu n’es pas une amante religieuse.
Et tous les deux de rire, non pas, comme des bossus car ils ne l’étaient pas.
François s’apprêtait à rentrer chez lui quand vint à sa rencontre Jeanne qui avait la réputation d’être généreuse de ses bons sentiments, et ne voyait que le bien chez tout le monde ce qui fait qu’on l’a surnommait la poseuse d’auréoles.
-Bonjour François.
–Bonjour Jeanne. Vous êtes lumineuse.
–c’est le bonheur de cette belle journée et les discussions avec toutes ces bonnes personnes qui me réjouissent. Je vais rentrer chez moi et vous serez la dernière personne que je verrai. Vous serez l’apothéose à mon bonheur.
–Vous rentrez bien tôt.
–Oui, car je veux lire tant que la lumière est bonne.
–Je comprends. Et que lisez-vous, ma chère Jeanne ?
- un livre plein de richesse.Gargantua.
- bonne lecture ma chère Jeanne.
Et François rentra chez lui en se tenant le ventre de rigolade retenue.