Attente à l'aéroport

2010AGAeroportvolcan

Qu’est-ce qui te démange

Qu’est-ce qui te démange ? La météorologie a annoncé un temps de pluie, eau, grisaille. On n’y peut rien. Il faut attendre.

- Je sais, je sais mais j’ai horreur et même peur de la tempête.

- Mais c’est la nature, et puis l’eau est un bienfait … par ces risques de manque.

- Je sais tout cela.. N’empêche ça me remplit de tristesse ces nouvelles. Et puis nous voici bloquées pour combien d’heures dans cet aéroport ?

- Jusqu’à ce que le vol puisse avoir lieu. Des heures ? Des jours ? Des mois ?

- Ne me dis pas un an quand même !

- Sait-on ? Et si un lac se forme au pied du glacier, on ne pourra rester ici. Comment serons-nous évacués ?

- Peut-être à dos de chevaux, nombreux ici, où d’ânons. On verra.

- Pour supporter  tout cela et tout ce monde, je boirai bien un petit alcool.

Soupirs.

- Et puis n’écoute pas tous ces cancans autour de toi. Regarde les aéroplanes de tous ces pays bloqués au sol. Pensons plutôt à notre anniversaire de mariage ou alors cherchons ou bien trouvons un nom à cette montagne bébé. Une naissance, c’est plus gai qu’une maladie. Et les rumeurs ne sont que des rumeurs, pas des faits.

- Oui, mais toute cette glace qui risque de fondre. Ce n’est pas de l’acier bien costaud, ni un régal parfumé qui déclenche le rire des enfants. S’il n’y a plus de glace, nous serons comme sur un grill et l’air sera irrespirable.

- Mais arrête un peu de te rendre malade d’avance. On n’y est pas encore et d’ici là nous serons rentrés depuis bien longtemps. Alors as-tu une idée pour le nom de cette montagne !

Resoupirs ……

- Eh bien, je propose : « Jaffakalefull »

- Tu n’as pas plus simple ? ça fait penser à du métal. ça ne fait en rien penser à du métal, ça ne fait en rien penser à la douceur qui régnait jusqu’à maintenant et puis tous ces enfants qui crient dans cette aérogare me vrillent les oreilles. Bientôt on ne verra même plus le soleil avec toutes ces cendres dans le ciel, qui vont se répandre, partout et altérée la pureté et de la lumière et de l’air.

- Il aura fallu cet « accident » pour dévoiler la face sombre et angoissée de ton caractère. Regarde ces petits qui sagement jouent au jeu de l’oye. Et ces gens qui ressemblent à des gitans grattant de la guitare, qui mettent de la joie dans cette sinistrose.

- Où sont donc passées les oranges que nous avions achetées avant de partir ?

- Pourquoi ? Tu te fais un devoir de tout revérifier ?

- Non. Cela me fait penser tout à coup au conte des Trois Oranges.

- Je vois qu’il n’y a pas seulement du volcanisme sur terre mais aussi dans ton cerveau comme en éruption lui aussi.

- Je préférerai que ce soit plutôt une volière remplie d’oiseaux multicolores faisant des voltes comme en escrime, ou des voltiges comme au cirque.

- Eh bien voilà enfin que tu t’amuses un peu. Tu sembles sortir de ton pessimisme comme un champignon de sa volve et tu poses enfin ton regard sur des choses agréables aperçues à travers les volets.

- Eh oui ! Comme tu le dis justement, on ne peut que subir, supporter. Alors supportons. Je me sents une faim de cannibale maintenant. Où pourrait-on bien trouver une bonne marmite de poissons. Ils doivent bien avoir cela ici.

- Tiens j’entends une cantate ! Quelle voix ! Qui peut bien avoir un chant aussi clair ? Allons voir cela, car dans le Cantal, notre région, on entend rarement cela. Les autres, voulez-vous venir voir ?

- Je pense plutôt que quelqu’un a dû fumer du cannabis, cette drogue dite douce qui pousse maintenant dans tous les cantons malgré la surveillance de l’administration. C’est certainement un cancre qui se prend pour un poète chantant. Ecoute bien ces paroles ineptes : « Livide Ludivine loue le loup, le lièvre, le lapin. »

- Et voilà, c’est reparti : « Pessimiste et Cie ».

Anne G.
Avril 2010