L’argousin le poussin et l’engoulevent

Un beau matin le gouverneur de l’île de Socotra, englué dans des problèmes de panislamisme reçut un message d’un dragueur de mines l’informant d’une bataille d’animaux au large de l’île.

Dans son entourage, son épouse était à un vernissage, son cousin cuvait l’anis ingurgité la veille, il réfléchit et fit preuve de pragmatisme : «  je vais envoyer mon argousin même s’il est plus proche d’un sinanthrope que d’un homo erectus, il se débrouillera.  

L’argousin prit un bateau dont le vernis avait à peine séché (ce qui lui donnait le tournis) empoigna le gouvernail, bût une gorgée de raisiné et partit.

Après s’être pris quelques paquets de mer il crût voir un mirage : au dessus d’un éperon rocheux, deux oiseaux s’affrontaient, un engoulevent et un poussin.

Ils se mettaient une rouste, or c’étaient des espèces protégées, des survivants d’une autre époque et il n’était pas question que l’un des deux meure ou les deux. L’argousin prit son sifflet, émit un son strident et leur parla comme un père les suppliant de mettre fin à leur lutte. Aussitôt tel un ouragan les deux protagonistes firent un virage à 180 degré et tels des OVNIS complètement sinoques foncèrent sur le cogne. Sur les vagues des oursins, des ragondins des plies et même des moustiques à l’air sinistre surveillaient l’attaque.

Elle arriva en piqué ! Ce ne fut pas une sinécure ; une fragrance se fit sentir au niveau des plaies du pauvre flic qui, la veille même, s’était fait soigner le dos au sinapisme.

Dégoûté, il repartit vite fait, espérant qu’un cousette pourrait le recoudre , rampa sur les galets et se dit qu’il ferait bien mieux de travailler en usine. Il prit sa gourde, bût une rasade, mangea un bout de ragoût et alla narrer sa mésaventure au gouverneur.

Pendant ce temps, hilares, le poussin et l’engoulevent riaient à gorge déployée, ne se souvenant même plus de la raison de leur différend !

Moralité : occupez vous de vos fesses et laissez faire les volatiles.